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L'oeuvre de Mylène

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21 juin 2007

Souviens-toi du jour

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Le texte de "Souviens-toi du jour" a le mérite d'être clair. Mylène fait ici directement référence au livre de Primo Levi "Si c'est un homme". Rappelons que ce dernier raconte l'expérience des camps d'extermination des nazis, vécue par l'auteur, pendant la seconde guerre mondiale. Levi décrit son quotidien dans le camp, la lutte et l'organisation pour la survie des prisonniers. Tout au long de ce récit, il montre les horreurs de la déshumanisation des camps. Ce livre est considéré comme un des meilleurs témoignages sur la Shoah. Un livre fort et poignant que Mylène réinterprète dans sa chanson. Elle répond clairement à Levi qui dans le texte d'ouverture exhorte les gens à ne pas oublier l'horreur des camps de concentration. Mylène s'adresse directement à ses auditeurs pour qu'ils se souviennent aussi de ces horreurs. Une chanson universelle et qui délivre un message d'espoir dans son refrain : "Le souffle à peine échappé, les yeux sont mouillés, et ces visages serrés, pour une minute, pour une éternité, les mains se sont élevées, les voix sont nouées, comme une étreinte du monde, à l'unisson, à l'homme que nous serons ..." Un véritable hymne à la vie où Mylène chante quelques paroles en hébreux.

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26 février 2007

Innamoramento

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Le thème général de la chanson est celui de l'amour naissant mais non partagé par l'être aimé. Une thématique récurrente pour le dernier album de Mylène, mais aussi des précédents. On se souvient ainsi de "Greta", "Maman a tort", "Tristana", "Ainsi soit je", "L'Autre", "Eaunanisme" sur des thèmes quasi-similaires.

"Toi qui n'a pas su me reconnaître [Le thème déployé dès le premier vers: l'être aimé ne reconnais pas les signes amoureux qu'on lui envoie. Il ne perçoit aucun des signes inhérents aux étincelles amoureuses. Il ignore ainsi celle qu'il aime, la renvoyant dans une solitude plus forte encore]

Ignorant ma vie ce monastère [La solitude, thème récurrent de l'univers farmerien, magnifié dans "Ainsi soit je" ou "Pas le temps de vivre". Mylène a souvent qualifié sa vie de monastique. Elle se dit ainsi recluse, sans véritable contacts avec le monde extérieur. Ici, elle ne peut espérer sortir de ce monastère qu'elle s'est créée pour se protéger car l'être qu'elle aime ne la voit pas. Le seul recours pour échapper à cette solitude serait un amour partagé, mais ici ce n'est pas le cas]

J'ai devant moi une porte entrouverte

Sur un peut-être [Le peut-être renvoie à un probable signe amoureux de l'Autre. Le coeur se regonfle d'espoir, mais sans y croire réellement non plus. La porte-entrouverte est donc le premier cheminement vers une vie extériorisée, physiquement et entimentalement]

Même s'il me faut tout recommencer [On comprend qu'elle a éjà cheminé ce parcours de l'amour auquel on donne tout mais ne reçoit rien et craint de tout perdre de nouveau. Il lui faut sans esse recommencer les mêmes erreurs. Cela me fait penser à un texte magnifique de Jacques Brel, "Les Désespérés" sur le même thème. Je pourrai vous la retranscrire si vous le désirez]

Toi qui n'a pas cru ma solitude [L'être aimé voyant cette femme ne peut croire en sa solitude intérieure qui est pourtant réelle]

Ignorant ses cris, ses angles durs [Cette solitude se fait blessante et demande à être extériorisée afin d'être vaincue par l'amour. Cette même demande est faite dans la première strophe de "Dessine-moi un mouton"]

J'ai dans le coeur un fil minuscule [Ce fil presque invisible est celui de l'espoir d'être aimé, la dernière chance que ce coeur qui a trop souffert ose encore se faire]

Filament de lune [Juste une figure poétique pour montrer la finesse de ce fil]

Qui soutient là un diamant qui s'use [Le diamant est celui de l'amour pur encore qu'elle peut offrir, mais qui s'amenuise comme une peau de chagrin à force d'être blessé et d'attendre. Côté métaphorique, cela peut renvoyer au diamant de l'ustensile qui permet de lire les disques vinyls et qui s'use avec le temps: l'amour pour son métier est encore intact, mais pour combien de temps encore? Donc en somme un fil fragile qui retient un coeur énorme]

Mais qui aime [Malgré toutes les déceptions passées, on continue de vouloir y croire quand même]

J'n'ai pas choisi de l'être [Sous-entendu d'être amoureux. On entend d'ailleurs, volontairement, j'n'ai pas choisi de naître, à certains moments. Cette phrase a été tirée du livre d'Alberoni, Le Choc amoureux, comme beaucoup d'autres dans cette chanson]

Mais c'est là l'Innamoramento [Le propre du choc amoureux est justement de n'être pas prévu]

L'amour, la mort peut-être [Dans "innamoramento", ce sont les deux mots que l'on entend: "amour" et "mort". L'amour et la mort semblent toujours liés pour Mylène, comme nous avons pu le constater dans l'explication de "Beyond my control"]

Mais suspendre le temps pour un mot [Attendre que l'être aimé dise enfin quelque chose, ces mots tant attendus et qui ne viennent pas toujours. Là encore c'est une phrase tirée d'Alberoni. On retrouvera le même thème dans la chanson Les Mots deux ans plus tard]

Tout se dilate et cède à tout [On pourrait y voir des paroles moins chastes qu'elles n'en paraissent. Ici c'est plutôt le coeur qui se dilate, devient plus rempli d'amour pour l'Autre et qui cède à l'amour, enfin]

Et c'est là l'Innamoramento [Se sentir gonflé d'amour]

Trouver enfin peut-être un écho [Nouvelle phrase tirée d'Alberoni: l'Autre répond semble-t-il de la même manière..., mais ce n'est pas gagné pour autant]

Toi qui n'a pas vu l'autre côté [Les faces cachées que l'on ne présente jamais la première fois que l'on rencontre la personne aimée]

De ma mémoire aux portes condamnées [Le passé marquant et blessant est oublié volontairement, menaçant de ressurgir à tout moment. Elle préfère taire son passé à l'Autre afin de ne pas le faire fuir, tout en ayant la crainte que ce qu'elle a déjà vécu ne se réalise à nouveau]

J'ai tout enfoui les trésors du passé [Toujours la même thématique. On a oublié tous les bons moments passés avec les anciennes amours afin de profiter des nouveaux et ne pas souffrir en y repensant]

Les années blessées [Trésors et échecs sont mis au même rang de l'oubli forcé]

Comprends-tu qu'il me faudra cesser... [Cesser d'aimer encore si l'échec est à nouveau au rendez-vous. Cesser d'y croire toujours. C'est un avertissement pour l'Autre: "comprends que je ne dois plus me tromper sous peine de ne plus aimer, de finir seule". Certains y ont vu un adieu au public. Il n'en est rien semble-t-il]

Moi qui n'ai plus regardé le ciel [Renoncement à Dieu (autre thématique permanente: "Vieux Bouc", "Agnus Dei", "Je te rends ton amour"). On ne pardonne pas les signes du Destin qui ont détruit toute forme d'amour pour elle. Elle renonce de croire en un Ciel qui la rend malheureuse et seule]

J'ai devant moi cette porte entrouverte [Elle a réellement envie de franchir ce pas que la Destinée lui offre à nouveau, tout en hésitant fortement]

Mais l'inconnu a meurtri plus d'un coeur [Le fait de ne pas savoir comment cela va se terminer la fait tergiverser davantage. L'inconnu terrorise, même s'il est excitant]

Et son âme soeur [Le destin peut aussi détruire l'âme soeur, celle que l'on a toujours attendu. Encore faut-il se risquer à aimer et faire un pas en avant]

On l'espère, on l'attend, on la fuit même [Elle veut définitivement y croire encore: elle espère et attend cette âme soeur. Mais en même temps, de peur de la perdre, préfère la fuir et l'ignorer, alors qu'elle refuse d'être elle-même fuie et ignorée]

Mais on aime...» [On se résoud à continuer d'aimer quand mêmequelqu'en soit l'issue]

Par Imtasare.
http://www.mylenefarmeriscalled.net

26 février 2007

Dernier sourire

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Voici l'un des textes les plus poignants de Mylène, sur la mort d'une personne proche. Pour l'histoire de la chanson, lisez les lignes qui suivent...

L'historique de la chanson "Dernier sourire" peut se faire en trois étapes, puisqu'il en existe trois versions différentes. Tout d'abord, la première version illustre la face B du single Sans logique . C'est la version la plus longue, se terminant par un coeur faiblissant qui finit par s'arrêter de battre. La chanson était dédiée alors au père de Mylène, Max Gautier , décédé début 1986. Les derniers vers de Mylène "la couteau dans mon plaie" laissent songeurs: l'inversion (normalement c'est "le couteau dans ma plaie") est-elle volontaire? L'émotion qui se dégage de la voix de Mylène à ce moment précis montre que son intensité peut provoquer un tel lapsus. On l'a alors gardée pour faire authentique et montrer justement le comble de cette émotion. Autre explication plausible, la minute d'enregistrement coûtant cher et refaire la fin de la chanson aurait pu augmenter le coût, d'autant que ce n'était destiné que pour une face B, on ne l'a alors pas changée. Ecartée du tour 89 au profit de l'autre inédit "Puisque" , "Dernier sourire" va avoir un deuxième habillage en 1992. En effet, Mylène est contactée pour participer à l'élaboration de l'album "Urgences" contre le Sida. Pour plus de précisions, je vous invite à lire l'explication de "Que mon coeur lâche" car ce titre était prévu à l'origine pour cette compilation d'artistes engagés pour la lutte contre ce fléau. "Dernier sourire" est préféré à "Que mon coeur lâche" . Du coup, on la réenregistre de manière plus épurée. La voix de Mylène semble renforcée, la fin s'avère changée (il n'y a plus le coeur qui bat, ni l'erreur dans les derniers vers. Cela devient donc "le couteau dans ma plaie"). La chanson impressionne. Mylène cède les droits pour la compilation "Urgences" et devient une sorte d'hymne pour les malades en phase terminale. Prévue pour l'agonie de son père, elle devient l'accompagnement des mourrants. Le destin de la chanson ne s'arrête pas là. Beaucoup de fans ne la connaissent pas, le grand public non plus. Mylène reprend les droits et l'interprète en avant-dernière chanson du Mylènium Tour. Cela devient l'instant d'émotion ultime du concert. Elle touche à un tel point qu'elle redevient face B, ou plutôt deuxième titre live de "Dessine- moi un mouton". On l'aurait préférée même en single indépendant.

"Sentir ton corps

Tout ton être [Le fait de rajouter "tout ton être" dénote qu'il ne s'agit pas que de l'accompagnement de l'enveloppe corporelle, mais celui de l'être entier, avec son âme]

Qui se tord [Les dernières convulsions]

Souriant de douleur [La douleur ultime provoque effectivement un rictus ou une grimace que l'on pourrait qualifier de sourire, de dernier sourire. Cela peut-être aussi le sourire de la personne qui meurt à la personne qui est à ses côtés pour la remercier d'être là]

Sentir ton heure [Celle du Grand Départ]

Poindre au coeur

D'une chambre

Qui bannit le mot tendre [Les chambres d'hôpital ou de mourroirs ne sont pas des plus décorées et joviales... Mylène va d'ailleurs rendre visite à des enfants malades dès qu'elle le peut. Elle fit même un concert privé en 2000]

Sentir ta foi

Qui se dérobe [A mesure que la vie s'en va, on oublie sa foi (quand d'autres deviennent plus croyants, on ne peut se résoudre de croire que cela nous arrive, que Dieu nous rappelle déjà. On ne croit alors plus en rien]

A chaque fois

Que tu sembles comprendre... [On comprend que le dernier instant arrive, on réalise que l'on est en train de mourir, comment alors vouloir croire en un Dieu qui nous fait quitter une vie aimée]

Parle-moi encore [Faire en sorte que le mourant nous parle encore, c'est un peu le faire vivre quelques instants. On attend les dernières paroles et on ne veut pas que ce soit les dernières. Une manière de demander de rester parmi nous]

Si tu t'endors [Donc si tu meurs, si c'est ton dernier souffle, si tu fais semblant de dormir alors que c'est fini]

Si c'est ton souhait

Je peux t'accompagner [Accompagner l'autre dans les derniers instants de sa vie. Rien de plus beau, de plus tragique et de plus enrichissant dans une vie. Rien de plus terrible que de mourir seul. Pour ma part, c'est ma plus grande crainte. "Je peux t'accompagner" peut aussi, dans une moindre mesure, "je te rejoindrai". L'amour par delà la mort en quelque sorte]

Qui te condamne [Incompréhension quand un médecin annonce que les heures sont comptées. On ne veut y croire]

Au nom de qui [On ne devrait annoncer ceci qu'au nom de Dieu. Les médecins ont la fâcheuse tendance d'ailleurs de se prendre pour Dieu...]

Mais qui s'acharne

A souffler tes bougies [Soit souffler les derniers moments qui te restent, balayés comme on souffle ses bougies pour fêter son anniversaire: on fête donc le temps qui passe et qui nous rapproche de la mort...]

Est-ce te mentir [On ment souvent aux mourants en leur disant qu'ils vont aller bien et guérir]

Est-ce te trahir [Mais l'un comme l'autre sait que c'est un mensonge, est-ce une trahison que d'annoncer des jours meilleurs ou est-ce au contraire aider l'autre à mourir en paix?]

Si je t'invente

Des lendemains qui chantent [Ce sont ces fameuses paroles réconfortantes de bonheur à venir mais qui ne viendra pas, on essaye de tromper le malade en lui chantant de jours meilleurs, comme on se trompe soi-même en le faisant]

Vois-tu le noir

De ce tunnel [Le tunnel est le passage de la vie à la mort]

Sais-tu l'espoir

Quand jaillit la lumière [La lumière jaillit à l'autre bout du tunnel. Une plénitude de lumière dans laquelle on se sent bien paraît-il... La mort ne serait que futur bonheur et apaisement?]

Ton souvenir

Ne cessera jamais [L'autre est encore en vie quand on pense à lui. Une manière de rendre le mourrant immortel tant que l'on pense à lui]

De remuer

Le couteau dans ma plaie" [Plusieurs interprétations: de remuer le fait que je sois en vie alors que tu es parti, donc culpabilité du vivant face au décédé. Ou culpabilité d'être coupable de cette mort: dans le cadre du sida comme dans la version de l'album "Urgences", on peut interpréter cela comme une personne en vie qui culpabilise d'avoir transmis la maladie à l'autre qui en meurt, alors que elle non. Là encore, culpabilité de rester quand l'autre s'en va].

Par Imtasare
http://www.mylenefarmeriscalled.net

21 février 2007

Dernier sourire

C'est ma chanson préfèré de toute la discographie de Mylène Farmer

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Sentir ton corps,
Tout ton être qui se tord
Souriant de douleur
Sentir ton heure
Poindre au cœur
D'une chambre qui bannit le mot tendre
Sentir ta foi
Qui se dérobe
À chaque fois que tu sembles comprendre
Parles moi encore
Si tu t'endort
Si c'est ton souhait
Je peux t'accompagner


Qui te condamne
Au nom de qui
Mais qui s'acharne
À souffler tes bougies
Est-ce te mentir?
Est-ce te trahir?
Si je t'inventes des lendemains qui chantent
Vois-tu le noir de ce tunnel?
Sais-tu l'espoir quand jaillit la lumière
Ton souvenir ne cessera jamais
De remuer le couteau dans ma plaie

19 mai 2006

explication de "Et si vieillir m'était conté"

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Parmi tous les thèmes récurrents de l'oeuvre farmerienne, on dénote celui du temps qui passe et de la vieillesse qui en découle. Il y a eu Plus grandir, Ainsi soit je, L'Horloge, Nous souviendrons-nous, Laisse le vent emporter tout. Voici désormais, de manière imagée et poétique, Et si vieillir m'était conté.

La nuit de ses doigts gantés [La nuit peut être assimilée au temps qui passe et que l'on ne voit pas, qui reste dans l'ombre. D'où l'idée de représenter le temps par la nuit. D'autant que l'on ne peut s'apercevoir des ravages du temps qu'en plein jour. Ici, ses doigts sont "gantés", ce qui signifie que les affres du temps sont encore doux et légers]

Image inachevée [Notre image est en pleine évolution. Ici, nous sommes au début de notre existence]

Bientôt la lune est pleine [Représentation du temps qui passe avec les différentes phases de la Lune. On peut aussi y voir le fait que lors de la pleine Lune, différents phénomènes se forment: les marées qui érodent davantage les falaises, et aussi les naissances qui sont parfois provoquées et accélérées]

La nuit de ses doigts si frêles [La nuit continue d'être personnifiée, comme si c'était une mère qui façonnait ses enfants, les faisait évoluer. Ici, elle est encore fragile, le temps ne fait pas encore de ravages particuliers.]

Sculpte l'aube et le ciel [Reprécision que nous sommes à l'orée de la vie, celle de l'enfance et de l'adolescence]

Dieu que cette femme est belle [Nous sommes arrivés à l'âge adulte. La personne est arrivée à l'apogée de sa beauté et de son âge d'or. Le temps va pouvoir commencer à détruire cette trop belle image]

La nuit de ses doigts de fée [Ici, la nuit, ou le temps, opère de manière chirurgicale, avec précision pour commencer son oeuvre de destruction]

A effleuré l'image [Elle commence dont tout doucement son oeuvre, la caressant d'abord, faisant apparaître quelques petites rides ou imperfections, nous sommes encore au jeune âge adulte]

D'un bonheur de passage [L'amour subit également les affres du temps et devient de plus en plus éphémère]

Mais j'ai vu l'être emporté [Avec le temps qui passe, on commence à voir ceux que l'on aimait disparaître et mourir]

Elle n'a pas su s'aimer [La personne prise en exemple depuis le début de cette histoire, de son enfance à son âge adulte, ne supporte pas le fait de voir ses amours disparaître, de voir son corps devenir autre, son visage devenir vieux et moins beau qu'en son temps de gloire et de parfaite jeunesse]

Le temps a fait ses ravages [La conclusion est lapidaire. C'est le temps le responsable de notre propre destruction. On en revient ainsi au poême de Baudelaire que Mylène avait repris 11 ans plus tôt, "L'Horloge"]

Et si vieillir m'était conté [En somme, Mylène demande à savoir comment elle va évoluer, ce qui va se passer dans le futur]

Serais-je là pour t'aimer [Elle se demande, si, une fois qu'elle sera âgée, elle sera encore vivante pour aimer celui avec qui elle est présentement, si elle ne se sera pas supprimée de n'avoir pas supporté sa nouvelle image de femme vieillie, si elle sera toujours capable d'aimer]

D'autres nuits s'achèvent [Signification encore du temps qui passe, toujours à travers la nuit, quand on ne peut pas la voir. Les nuits sont aussi les vies qui s'éteignent également...]

Et la vie a tout donné, tout repris [De poussière, nous redeviendrons poussières. Nous sommes nés d'un rien, nous redeviendrons néant. La vie nous donne des cadeaux, à nous de les ouvrir ou non, d'en bénéficier. De vivre pleinement en somme, car la mort nous rattrapera quoiqu'il arrive...]

La nuit de ses doigts de fer [Cette fois-ci, le temps se montre nettement moins tendre. Ici, elle marque le visage et les vies de manière nettement plus significative, on avance dans la roue du temps à grande vitesse]

A abîmé la chair [Reprécision de tous les dégâts que le temps fait sur le visage, le corps, mais aussi l'âme]

De sa rouille cruelle ["Cruelle", car on ne peut rien faire pour éviter de tels outrages. La nuit utilisant des mains de "fer", il est normal qu'elle "rouille" en nous, sans doute par les larmes que l'on laisse sur ses ravages]

Quand le temps a déposé [De la naissance à la vieillesse, on ne se rend compte de rien, cela paraît moins grave que ce que l'on s'imagine]

Son sourire familier [Ce sourire du temps nous est "familier" car c'est notre propre visage que l'on contemple dans la glace et on ne s'aperçoit pas nécessairement du temps qui est passé sur nous. Le "sourire" du temps n'en est que plus cruel car il semble se jouer de nous et prendre plaisir à voir la déchéance que l'on ne remarque pas]

C'est un pas vers la poussière [Dès la naissance, nous avançons vers la mort, de manière plus ou moins consciente...]

Merci à Imtasare

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17 avril 2006

Explication du clip "Je te rends ton amour"

(cliquez sur les photos pour les voir en grand format)

explication du clip "je te rends ton amour"

Thèmes principaux: La religion, la mort.

L'histoire: Une femme aveugle habillée de rouge se recueille dans le confessionnal d'une abbaye. Mais celui qui la confesse n'est autre qu'un démon. Son but est de laver les péchés de cette femme, de la faire renaître dans son propre sang, en renonçant à Dieu. Elle quitte ensuite l'abbaye dans une robe noire, voyant à nouveau...

Essai d'interprétation: Depuis le film Giorgino en 1994, Mylène n'avait plus abordé les thèmes religieux dans ses clips. Ici, la religion est montrée sous des auspices plutôt démoniaques dans de très nombreux symboles.

Une femme semble naître sous nos yeux, sortant d'un tunnel sombre, comme une sorte d'accouchement. La femme est aveugle, dans une robe couleur sang. Elle se rend d'instinct vers une abbaye, directement au confessionnal... Comme si c'était la maison-mère qui l'appelait auprès d'elle. Elle lit la Bible en braille et prend la pose du recueillement. Autour d'elle, un Christ sans crucifix (un symbole démoniaque) et des gargouilles en forme de diable. Cette abbaye est-elle vraiment gouvernée par Dieu? La femme enlève son alliance, en disant en même temps qu'elle rend son amour et reçoit les stigmates du Christ. Rend-elle son amour à Dieu ou au démon qui lui sert de confesseur et qui vient de la rejoindre?

Ce dernier agresse la femme qui semble ne pas s'y attendre. Du moins au début car elle se laisse faire bien rapidement, comme si tout était prévu depuis longtemps, comme si elle était venue pour ça. Le démon lui met un bandeau autour des yeux (alors qu'elle est censée être aveugle), signe qu'il lui a rendu la vue. Il la dénude, la badigeonne du sang qu'elle a perdu de ses stigmates et la crucifix, nue. Le tout, sans qu'elle ne se débatte. Elle se laisse faire, comme si c'était un processus d'onction nécessaire.

Le démon ayant fini son office, elle termine elle-même sa propre purification en baignant dans son sang, au sol. Et là, pour la deuxième fois, elle dépose son alliance, signe que tout est consommé, fini. Elle peut ressortir en pleine lumière, voyante, commençant une nouvelle vie...

Le Diable purifie-t-il les âmes données par Dieu? Ou bien ce démon était lui-même un envoyé du Seigneur? Mystère... Mylène n'a jamais voulu dévoiler la moindre parcelle de cette énigme...

16 avril 2006

explication du texte "Fuck them all"

source : http://www.mylenefarmeriscalled.net

merci à Imtasare

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La nature est changeante [Mylène annonce directement la couleur dès le premier vers. On va parler de changement, du fait que telle chose qui a toujours eu lieu, qui se répète inlassablement va se transformer, être supplantée par une autre. La loi de la Nature en somme qui reprend ce qu'elle donne, qui fait se changer les rôles dans la chaîne alimentaire, le plus fort devient le faible et vice versa. Ici dans la chanson, on l'apprendra plus loin, c'est le rôle proéminent de l'homme qui va être remis en cause. Car il s'agit d'une chanson avant tout sur la nature humaine, bien plus subtile et vicieuse.]
L'on respire comme ils mentent
[L'on, c'est ici l'ensemble des femmes. De tous temps, elles ont été condamnées à suivre les hommes, à vivre selon le gré de ces derniers. Mylène détourne ici le fameux proverbe «Mentir comme on respire». Mentir était la raison de vivre de ces personnes qui ne savent dire un mot sans détourner la vérité. C'est devenu leur seconde nature. Ici, les femmes doivent subir les mensonges et tromperies perpétuels de leurs époux/pères/amants/fils et faire comme si de rien n'était.]
De façon ravageuse
La nature est tueuse
[Ce retournement de situation des femmes sur les hommes sera violent. On le pressent déjà à ces vers. Quand la Nature reprend ce qu'elle a offert ou change la donne, cela se fait toujours de manière violente et inélectutable. On a déjà pu le voir à travers l'Histoire. Ici, les femmes doivent lutter face à des millénaires de soumission masculine. Pour renverser la situation, ce sera forcément avec la force. Mais comme le chantait Mylène dans Méfie-toi, «La Force est féminine».]

Au temps des « Favorites »
[Pour illustrer ce propos des renversements dans l'Histoire, Mylène reprend la figure de la Favorite, ces femmes choisies par les rois et les puissants pour être leurs maîtresses, mais souvent aussi leurs conseillères. On se souvient ainsi de Mme de Pompadour qui dirigeait la France comme une reine par ses judicieux conseils. Ici la femme est à la fois soumise, car dépendante de l'homme (du roi qui verse les pensions par exemple), mais aussi puissante car considérer presque aussi également qu'une reine.]
Autant de réussites
[Ici, ces Réussites peuvent être à la fois pour l'homme qui écoute ses favorites et qui récolte le fruit de leurs conseils. Mais aussi pour ces dites favorites qui disposent d'un rang et d'un train de vie tout à fait exceptionnel pour l'époque.]
Pour l'homme qui derrière a...
Une « Belle » qui s'affaire... à
[Mylène rappelle encore une fois que la femme, quoi qu'il advienne, qu'elle soit favorite ou non, se retrouve toujours derrière l'homme, à s'occuper de lui, de son foyer et autres... Le terme «Belle» est en effet un terme courtois qui signifie tout simplement femme.]

Faire... de leur vie un empire
[La femme doit donc «s'affairer» pour l'homme, se plier à ses volontés et faire de son taudis un royaume, de sa vie une joie permanente. La femme est au service de l'homme... De tous temps les femmes ont servi d'apparats pour les hommes, les aidant, grâce à leur simple présence, à conclure une affaire, à paraître plus noble en société. Une condition qui n'a guère changé de nos jours. On pourrait illustrer ceci par la scène où l'homme d'affaire se fait escorter d'une jolie femme devant les photographes dans le clip California. La femme doit tout faire pour l'homme, c'est ainsi depuis la nuit des temps. Etre belle, le servir et se taire...]
Blood and tears !
[Ce qui génère bien entendu «larmes et sang». Larmes pour cette condition de vie nettement pathétique. Et sang pour ce dur labeur à faire en permanence pour son homme.]
Faire l'amour à Marie
[Pour montrer la violence de l'homme envers la femme, notamment sexuelle (puisque souvent dans le couple la femme sert aussi et surtout de poupée gonflable qui exulte les désirs de l'homme), Mylène prend l'exemple le plus extrème: celui de la Vierge Marie dont ici on rompt l'hymen: on lui fait l'amour, sacrilège ultime, perte de sa condition de sainte à jamais.]
Blood and tears !
[En résulte là encore du sang et des larmes. Mais cette fois-ci, le sang représente la perte de la virginité de Marie et les larmes succèdent à cette douleur physique. La douleur morale est tout aussi forte.]
Et "Marie" est martyre
[La Vierge ainsi déflorée ne peut que devenir martyre. On peut citer ces femmes qui sont lapidées par leurs époux dans certains pays musulmans parce qu'ils ont découverts qu'elles n'étaient plus vierges à leur mariage. Ne pas posséder une femme pour la première fois revient à un péché puni par la mort. Souillure du sexe par le sang. Marie est ici entre guillemets car elle représente toutes les femmes à son seul nom. D'ailleurs c'est la seule femme citée dans toutes les religions, quoi de plus universel que de la mettre en égérie de ce texte qui met en exergue tout ce dont sont capables les hommes contre les femmes.]
Blood and tears
Sur le mur : nos soupirs !
[Mylène reprend l'image du mur des lamentations de Jérusalem. Ici, un mur symbolique qui recueillerait toutes les déceptions des femmes. Mais aussi image plus dure de ces femmes battues à mort et qui rendraient leur dernier soupir sous les coups, les pierres, contre un mur cette fois-ci bien réel et non plus imagé...]

Fuck Them All !
[Cri de toutes ces femmes: «Qu'ils aillent tous se faire foutre!». Rendre les coups reçus. Que les hommes subissent eux aussi ce que les femmes ont subi.]
Faites l'amour
Nous la guerre
Nos vies à l'envers
[Renversement de la situation: les femmes habituées aux choses de l'amour et les hommes à celles de la guerre doit inverser leurs rôles. Les femmes partent à la bataille, dans une guerre imagée contre le sexe fort. Une situation qui existe un peu de nos jours avec les femmes qui accèdent aux places importantes et les hommes qui restent au foyer pour s'occuper de leur famille.]
Fuck Them All !
Faites l'amour
Nous la guerre
Saigner : notre enfer !
[Rappel de tout ce que doivent subir les femmes, jusqu'au sang, jusqu'à la mort dans les cas les plus extrèmes qui ne sont hélas pas rares... Rien qu'en France, une femme sur 10 meurt battue par son mari...]
Fuck Them All !
Faites l'amour
Nous la guerre
Nos vies à l'envers
Blood And Soul
[Nouveau rappel au cas où l'on n'aurait pas encore compris, mais en anglais, dans la langue universelle avec ce «sang et âme» mêlés: douleur physique et celle de l'esprit.]
Faites-le nous !
Dans le texte
Le sang c'est le sexe
[Cette injonction pour demander aux hommes d'officialiser ce retournement de situation, de bien vouloir l'accepter, de l'inscrire noir sur blanc. Et rappel aussi que si du sang doit être versé, il n'y en a qu'un seul de pur: celui de la perte de la virginité par amour et seulement par amour...]

De nature innocente
[Cette fois-ci, on ne parle plus de la nature en général, ni de la nature humaine en particulier, mais seulement de la nature féminine. Ici, Mylène la qualifie d'innocente, comme si c'était la définition de la femme. De fait, la femme est dite de sexe faible et on prend peu attention à elle. Un exemple, Jeanne d'Arc qui fit bien rire les Anglais lorsqu'ils la virent approcher dans son armure: une femme ne peut être dangereuse... Ils n'auraient jamais cru qu'elle parviendrait pourtant à les bouter hors du royaume...]
L'on manie élégance
[Nouveau rappel des fonctions de décoration des femmes, crées uniquement pour enjoliver la vie, si possible celle de l'homme.]
Et d'une main experte
D'un glaive l'on transperce
[Une main de fer dans un gant de velours... Voilà qui pourrait qualifier les femmes d'aujourd'hui (et Mylène doit s'y reconnaître fortement. La femme peut tout aussi bien tuer et les exemples ne manquent pas, il en pullule dans l'histoire et les actualités. Ici, ce transpercement se fait à la fois physiquement et moralement avec l'affirmation des femmes dans la société.]

Les discours trop prolixes
[Les hommes sont trop bavards semble-t-il ici... Un renversement de situation car d'ordinaire, c'est plutôt les femmes que l'on qualifierait de «prolixes». Mais ici, les femmes coupent court à toute conversation superficielle et veulent dominer enfin.]
Que de la rhétorique
[Les hommes noient le poisson avec leurs discours, les femmes auraient tendance, dixit Mylène, à aller plus dans le fondamental, directement, sans enjoliver.]
Lâchetés familières
[Rappel de tous les mensonges proférés par les hommes tout au long de leur vie, rappel donc de ses femmes qui «respirent comme les hommes mentent», à leur rythme, tous les jours, inlassablement.]
Qui nous rendent guerrières
[Cette situation ne pouvant plus durer, les femmes sont «stoïques, mais plus pour longtemps» pour reprendre ce vers de Pas de doute, première chanson de nature féministe de Mylène. Elles décident d'inverser cette donne, de manière plus violente qu'on n'aurait cru d'elles. De fait, on retrouve ceci dans le clip de Fuck them all avec cette femme belle en apparence douce qui manie l'épée et décapite des hommes symbolisés qui ne bougent plus depuis longtemps, lovés dans cette situation ancestrale de leur domination... Mais le chemin sera encore long pour que les femmes obtiennent gain de cause...]

Hey Bitch, you're not on the list
You Witch ! You suck, you bitch ! (they said)
What's your name again ?
[Dans le pont musical, Mylène entonne d'une voix grave et parlée ces délicates insultes: «Hé salope, t'es pas sur la liste. Sorcière! Tu crains, salope! (disent-ils). C'est quoi ton nom déjà?». Un ultime rappel de tout ce que doivent endurer les femmes... «Salope» est en effet une des insultes les plus courantes. D'après de nombreux hommes, la plupart des femmes seraient des salopes qui ne penseraient qu'à se faire baiser... Une idée préconçue qui fleurit dans les cités. La liste débitée pourrait être celle des Dom Juan qui ont une liste incalculable de conquêtes. D'où aussi le «c'est quoi ton nom déjà?» signifiant que ces conquêtes ne comptent absolument pas, qu'une fois prises elles ne représentent plus rien... Un constat cruel, mais terriblement réaliste qui font de cette chanson de Mylène l'une des plus ancrées de notre société de son répertoire avec Désenchantée.]

Par Imtasare.

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